A 23 notes de la fin, il faut que je consacre une note pour expliquer le concept de ce blog :

Ce blog s'est étalé de 2005 à 2009. Il compile les meilleurs textes et/ou photos que j'ai pu produire ou lire ou voir. En très grosse majorité, ils sont de moi. Les autres auteurs sont quelques grands auteurs classiques, quelques acteurs et actrices, ainsi que les bloggueurs, bloggueuses, poètes et poétesses Xioix, Dulci, et Elisa, Almerys, et Cats que je remercie pour leur fidélité, leur créativité, leurs permissions, et leur amitié. Il y a eu d'autres apports, plus ponctuels, ils sont mentionnés, et je les remercie également.

Ce blog a commencé par un constat d'échec : mon incapacité chronique à écrire un livre, plus précisément un roman. D'où le titre des premières notes : impossible, impossible 2, etc...  Les premières notes essaient vaguement d'ébaucher un début d'histoire, rapidement abandonné; et puis l'idée est venue de continuer quand même, par défi autant que par ras le bol de ces échecs, et de faire 529 paragraphes-notes, 529 parce que 529=23*23 et que le blog où ce concept est né avait 23h23 en sous-titre, qui est une heure sur laquelle mes yeux tombaient inexplicablement depuis des années. J'ai donc décidé de constituer quantitativement un tas d'écrits. Et cette manière rustique et frustre de constituer coûte que coûte un ensemble littéraire quelconque a donné un résultat dont je suis satisfait aujourd'hui.

D'impossible les titres sont devenus Compossible 20, Compossible 21, etc qui est un mot philosophique employé par Deleuze et Leibniz. Ce mot a originellement la définition suivante : est compossible une chose qui est possible compte tenu de toutes les choses qui sont dans le monde. Le possible se déduisait du possible, suivant le mode mécaniciste et déductif de pensée prédominant à l'époque, et sa chaine infinie de cause-effet, comme chez Spinoza. Actuellement en mathématiques, sont compossibles deux éléments qui peuvent exister ensemble dans un même espace ( Définitions prises ici : http://dictionnaire.sensagent.com/compossible/fr-fr/

Le sens où je l'ai employé pour ma part est différent : il consiste à considérer la coexistence non anihilante de deux antagonistes logiques. Le paradoxe est une chose qui m'a obsédé très longtemps et qui continue de me faire cogiter. Mon blog par exemple avait un deuxième sous-titre qui était : ici rien n'est vrai; cette phrase était elle-même un paradoxe : "ici rien n'est vrai", faisant partie du blog, s'appliquait à elle-même et s'autodétruisait, il y avait donc un peu de vrai dans ce blog. cette phrase est compossible. Compossible est en fait un synonyme de paradoxal.

( un autre exemple de paradoxe est le mot "inqualifiable", qui est un adjectif... qualificatif... )

Je ne sais si toutes les notes intitulées "compossible" comportent un paradoxe en elle-même, car en fait toute la réalité est un paradoxe en soi, donc à un moment donné, parler de quoi que ce soit,c'est parler de compossible. Surtout sur un blog, qui fait partie de ce qu'on appelle le virtuel. Parler du réel dans un lieu virtuel, qui bien que virtuel, fait partie du réel parce que nous sommes réels et que nous lisons des mots réels, si tant est que les mots sont acceptés comme étant réels, c'est un paradoxe mis en abime sans fin sur lui-même.

Le maître-mot de la vie, du monde, de l'humanité, de la logique, et de l'acte de créer, rien de moins que tout ça, c'est "PARADOXES", au pluriel.   Je tiens à l'affirmer ici. C'est tiré de ma propre expérience, pratique et théorique.

Et puis comme tout était devenu compossible, qu'il était donc sous-entendu en permanence, j'ai fini par ne plus le mettre, et ne plus mettre que les chiffres. Enfin, j'ai décomposé les chiffres en facteurs premiers, suivant une vieille manie mentale que j'avais étant jeune.

il y a quelques mois, en juin 2008, en rassemblant ces 529 notes sur un nouveau blog consacré uniquement à cela, je me suis rendu compte que le 5-2-9 était une date, proche. Il me restait environ 200 notes à faire, et un peu plus de 200 jours nous séparait de cette date, il fut donc décidé que ce serait la date de fin.

Il y a une bonne partie de mon âme bizarre dans ce blog. J'y ai mis ce dont je suis humblement et orgueilleusement ( pardon pour ce péché ) capable créativement, du point de vue littéraire surtout, scriptural étant pourtant un terme plus adapté. Ego scriptor, comme disait Valery. Il y a des notes inachevées, malfoutues, illisibles, et il y en a d'autres magiques, pas dans un sens prétentieux mais comme il arrive lorsqu'on écrit parfois, ces choses qui sortent, qui sortent, qui sortent, et puis on s'arrête, on relit, et on se dit "wouaw", comme un révélateur animique inattendu qu'on ne soupçonnait pas avoir en soi.

Enfin, comme je le disais ci-dessus, je ne suis pas tout seul dans ce blog. Le blogging a été socialement et internétiquement un moment collectif d'enthousiasme et de partage d'écriture à l'ampleur jamais atteinte depuis. On partage toujours, mais la folle jeunesse est partie. Le blog est donc pour moi le remède à cette incapacité chronique de ma part à faire un ensemble cohérent et ordonné, à savoir un roman. Je n'aurais jamais pu écrire ce blog sans l'émulation due à tous ceux que j'ai lu ou croisé sur le net. Soyez tous remerciés également :)

Je parle dans deux notes au moins, de l'importance dans la créativité et dans l'écriture, de ce changement de support que constitue le net. Je n'ai pourtant quasiment rien utilisé de ses possibilités potentielles. C'est voulu pour 3 raisons repensées à plusieurs reprises :

- Je n'ai voulu utiliser que ce que le quidam moyen aurait pu utiliser en réfléchissant un peu. Un jour, en errant dans les rues de Bordeaux, je suis tombé sur une citation murale de Montesquieu qui disait qu'un homme est grand non parce qu'il est au-dessus des autres, mais parce qu'il est au milieu d'eux. Je tiens beaucoup à cela, et c'est beaucoup plus vivable.

- La connaissance technique qu'il faut emmagasiner pour épuiser les possibilités littéraires du net est incommensurable et le temps du blogging est quotidien. Il est trop rapide par rapport au temps concret qu'il faut passer à trouver, étudier, comprendre, et utiliser ces possibilités techniques. Il faut aussi pas mal d'argent pour s'acheter certains logiciels. Choses encore que tout le monde ne peut pas faire.

- Une chose qu'on oublie constamment, c'est l'éphémèreté possible du net : non seulement parce que le matériel qui le constitue, et les logiciels qui le gèrent, changent en permanence et qu'il y a à cause de ces changements beaucoup de pertes de données, mais aussi parce que tout repose sur l'électricité. Si on vous coupe l'électricité, vous ne pouvez plus lire le net. Un livre fait de papier échappe à ces deux privilèges techniques.

Donc rester dans la simple écriture, à travailler le fond,  tel que cela se pratique depuis des siècles, avec quelques incursions techniques dans les possibilités du net, me semblait un bon compromis, et une bonne image de notre "état" littéraire actuel.

Je peaufinerai sans doute les notes après la date fatidique du 5-2-9

...

C'est tout :)