179*2 - Retranscription d'informations
A force d'écrire, je finis par penser que nous ne sommes que des vecteurs transformateurs d'informations. Des sortes de machines, de systèmes, tels des entreprises, transformantes, mais transformantes de quelque chose qui est immatériel, qui s'appelle l'information, et qui semble difficilement créable.
La seule façon de créer une information à partir de soi à priori, c'est de penser par soi-même, de faire des déductions, des inductions, des synthèses, des analyses, des raisonnements hypothético-déductifs comme dit la terminologie logicienne, et de respecter le moindre atome de cette production toute personnelle.
Un jour je me suis pris 1 sur 20 en dissertation de philosophie parce que j'avais comparé les frontières respectives du passé du présent et du futur aux frontières entre les couleurs de l'arc-en-ciel, et de la difficulté de les distinguer clairement. Sophisme, m'avait-on dit. 1 sur 20. La dernière dissertation avant le bac ( où j'ai eu 10 ). Quelques années plus tard, je parle de ça à un ami, un mec un peu fou versé dans l'ésotérisme à fond, artiste plasticien admirateur de Beuys, ancien prof d'art plastique en Angleterre. Il me dit alors : "ben voilà, tu avais pourtant philosophé : tu avais émis une pensée par toi-même, pas un truc de cours rabaché." Certes ma dissertation, par cette comparaison, ne devait pas voler bien haut. Mais mon ami m'a convaincu : j'avais fait un effort de pensée personnelle. Non respecté donc.
Bizarrement, alors qu'on y est en principe très libéré des formes classiques de littérature, contraints à rien de spécial, ( d'autant plus que "Il n'y a aucune règle à la composition littéraire" ( Léautaud) ), le net est extrêmement fourni en simples retranscripteurs d'informations, et quand il y a un peu d'analyse elle est elle-même pré-rabachée. Puis, sur le net, comme il y a beaucoup de politique ou d'économie, on en vient vite à l'affrontement de mèmes, c'est à dire de fragments de discours argumentés qui reviennent sempiternellement se collisionner les uns les autres, tels que ceux-ci.
Penser, pour dépasser, pour créer de la liberté, du nouveau, de l'amour, un monde avec tout ça, et accepter, à bon escient, de voir qu'on peut se tromper, tant sur les idéaux que sur les moyens, par imprécision, indéfinition, inapprofondissement, le plus souvent.
Amen.
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